Le début d'une nouvelle fantastique (au titre évocateur) que je vous propose là. On est très loin de la poésie mais il ne faut pas se fermer aux autres genres !
Je continuerais la rédaction de cette nouvelle si vos réactions sont enthousiastes.
Bonne lecture.
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I
- "Ah, que cela fait du bien !" s'exclama Pascal Lemond. Il ne pouvait s'empêcher de s'extasier sur ce prodige technologique qu'étaient les casques neuro-transmetteurs. Tant de fonctionnalités, tant de possibilités ! Il lui aurait été impossible de vivre sans, invivable au sens propre du temps. Et en ce moment, il pénétrait l'esprit de celle qui appelait, en souvenir d'un temps révolu, sa femme. Son esprit était si fourmillant d'idées, de pensées aussi extravagantes les unes que les autres que c'en était jouissif. Elle aussi faisait de même mais elle était plus difficile à satisfaire et l'âme de son mari était moins riche que le sien.
Pascal avait beau s'entraîner à le rendre, disons "attirant", mais malgré tout, les années (et encore, c'était une notion anachronique, le système des années n'existant, seul comptait le niveau spirituel) ne lui avait pas amélioré l'esprit. Et pourtant, les personnes les plus séduisantes spirituellement (et là encore, c'était une erreur de langage, un pléonasme, la beauté physique n'existant plus depuis belle lurette) étaient celles qui étaient nées à l'époque de la grande Révolution intellectuelle et spirituelle, c'est à dire quarante ans plus tôt.
La personne à l'origine de ce chamboulement historique dans l'histoire humaine et planétaire, qui avait vu les hommes passer du stade oral à celui de la pensée, s'appelait Marc Duval. D'ailleurs, actuellement, cet homme réfléchissait à ce qui s'était passé, à ce qu'il provoqué lors de sa jeunesse. C'est sur le tard qu'il avait pris conscience de ses capacités naturelles (et surtout effrayantes) de télépathie lorsqu'inconsciemmentt, il avait sondé l'âme (et non pas le coeur) d'une fille qu'il aimait. S'apercevant que ce n'était pas le cas (ce qui avait provoqué non seulement de la douleur mais de la surprise), il l'avait quittée. A l'issue de cette découverte, il s'était rendu compte des atouts qu'il avait en main.
Et il s'était fixé un objectif dont jamais il n'allait démordre : faire progresser l'humanité. Cette initiative lui paraissait aujourd'hui prétentieuse mais cela n'avait plus d'importance. Il lui suffisait de regarder autour de lui (le présent) pour constater qu'il avait atteint son but. Notamment grâce à son "don" qu'il lui avait permis de recueillir des fonds, de s'entourer de personnes compétentes afin de créer les casques neuro-transmetteurs appelés communément "Receiving Spritual Messages" (RSM). Aujourd'hui, une bonne communication en société obligeait les gens à en posséder un, même si tout le monde n'était pas logé à la même enseigne en matière de qualité, compte tenu des différents prix.
La fabrication de RSM lui avait bien pris dix ans mais vu le résultat, il ressentait une certaine fierté. Bien évidemment, le changement n'avait pas été instantané. De nombreuses personnes avaient joué les réfractaires et il avait fallu encore quelques pour convaincre les populations (riches et pauvres inclus) d'adhérer à son projet et d'adopter un nouveau mode de communication, un nouveau mode de vie. Il subsistait bien quelques détracteurs comme toujours mais ils se comptaient actuellement sur les doigts de la main, bien qu'ils eussent raison. En effet, bien que l'évolution ait été profonde et que quasi personne n'aurait osé la remettre en cause aujourd'hui, il y avait bien quelques points noirs et les "anti-RSM" appuyaient dessus.
Mais quelle importance ? Ces défauts seraient corrigés comme les autres. Et étant donné tous ceux qu'il y avait déjà eu, comparativement à aujourd'hui, il n'y avait pas de souci se faire. Actuellement, Marc, qui avait gardé secrète sa capacité à pénétrer les esprits, "voyageait" dans le gigantesque réseau de pensées de ces citoyens. C'était son activité préférée et il la pratiquait en permanence, sans toutefois s'aventurer dans les recoins les plus intimes. Et là, il venait de piquer une idée dans le subconscient d'une inconnue, une sorte d'étincelle.
Cette personne, chez qui il avait détecté quelque chose de nouveau, était une femme. Chaque seconde qui passait lui faisait prendre conscience de l'étrangeté de son esprit. Il cessa brusquement son observation, un peu effrayé. Il l'avait repérée et il se promit de la rencontrer dès le lendemain.
II
Mais auparavant, il fallait qu'il effectue sa visite hebdomadaire du vendardi, qui consistait en une vérification des casques neuro-transmetteurs mis récemment sur le marché. Marc quitta son bureau et se rendit au laboratoire spécifique du dernier étage. Le bâtiment qui abritait l'entreprise "RSM Duval" était le plus grand du monde, de par sa hauteur vertigineuse de mille deux cents mètres. Une altitude normale, étant donné qu'on y fabriquait et améliorait des produits indispensables à la vie. En chemin, il rencontra le vice-président, Mitruel Matinol, le numéro deux derrière lui. "A voir sa mine réjouie, je n'ai aucune raison de m'inquiéter concernant les ventes du RSM 3125 X-W, se dit Marc. Matinol confirme sa pensée :
- "C'est extraordinaire, Mr le président, les ventes du 3125 X-W ont bondi de 30 %. N'est-ce pas formidable ? Personne n'aurait pu plancher sur une telle envolée.
- Ca, c'est sûr. Je suis moi-même surpris, bien que mes ambitions se soient réalisées. Mais comme vous le savez fort bien, cette arrivée d'argent ira aux pauvres, qui s'achèteront de nouveaux casques, plus performants. Bien évidemment, nous ferons encore des bénéfices mais ils serviront à améliorer les prototypes actuels.
- Bien entendu, c'est encore la preuve de votre humanisme", dit Matinol, un sourire laconique aux lèvres.
- "Oui, et alors ? J'ai monté cette entreprise avec cet objectif : faire avancer l'humanité toute entière", fit remarquer Marc, en soulignant le "toute entière". "Si je pouvais reverser tous les bénéfices que fait "RSM Duval" aux pauvres, sans que le conseil d'administration ne s'y oppose, je le ferai sans hésitation. Nous sommes une entreprise au service du public.
- Cela suffira, monsieur. Depuis le temps que vous me serinez ce discours, j'ai compris.
- Très bien. Sinon, qu'en est-il des défaillances ?
- Fait exceptionnel, nous en avons recensé une centaine de victimes cette semaine.
- Ont-ils été gravement blessés ?" demanda Marc, inquiété par ce nombre à trois chiffres.
- "Quelques uns en effet. Mais ils ont reçu le traitement adéquat. Inutile de se faire du mourron, aucun mort depuis trois ans et ce n'est pas maintenant que ça va recommencer. Notre politique de prévention marche actuellement pour le mieux.
- Très bien." Cette manie de dire tout le temps "Très bien" énervait franchement Matinol. "Je dois vous laisser. Il faut que je voie mes cobayes, dit Marc, pour clore la discussion.
- A la semaine prochaine alors.
- Ou..." commença Marc. Matinol le coupa :
- Ou à demain, si urgence.
A suivre...
Mer 9 Fév à 3:21
