Cœur tout en armure ?
Chut ….. L’entendez-vous ce bruit insolite ? Quelque chose qui clapote, mieux : qui claque. J’avais pourtant tout vérifié, tout contrôlé minutieusement : fermées, les portes, à double tour ;
bien plus, calfeutrées pour être sûre de ne plus avoir froid, pour ne plus avoir mal.
Cadenassés les barrières et les grillages ; rideaux tirés, la révérence aussi d’ailleurs, pour condamner le bonheur. Et pour finir, j’avais clôturé ce manoir de malheur avec un fil de dentelle givrée aux picots cryogènes.
Il faut donc que je refasse le tour, car ce bruit, je vous l’assure, il est réel.
Tout semble en ordre, presque trop après la première ronde.
Mais que vois-je donc ?… Oh !
Il m’avait échappé ce petit volet donnant côté cœur, avec vue sur l’amour.
Et le voilà qui se rebelle, qui se fait entendre malgré les précautions prises. Et le voilà malgré mille attentions, le voilà qui vibre, qui claque et me prend au dépourvu.
J’avais oublié qu’un souffle, une simple brise de zéphire, en se faufilant subrepticement sous une fente invisible même pour mon œil averti, pouvait enfanté des ouragans.
Je me croyais dans une forteresse inexpugnable : pauvre naïve, ne savais-tu ou plutôt avais-tu volontairement ignoré que ce volet s’ouvre sur une chambre secrète pour les profanes, mais sacramentelle pour l’oiseau au cœur pur.
Quelle défense opposer désormais, quelle tactique pour ne pas céder à ces assauts de tendresse ?
Quelle arme me reste-t-il si ce n’est le risque… d’ouvrir le volet, le risque de me perdre!
(Arwen Gernak)
Saint-Valentin 2005
Texte déposé SOGEN @ 2005