Naissance d’un vampire.
Les feuilles sèches de la sombre allée
Ont émis un craquement léger.
Les arbres aux branches dénudées,
Soudainement, se sont mises à frissonner.
Le vieux grillage rouillé, entrouvert, a grincé
Comme la plainte d’un animal mutilé.
Les anciens tombeaux aux noms oubliés,
Pareils à des lits nuptiaux, ont assisté
Muets d’effroi, à ce spectacle effréné :
Une femme, gémissante et ensanglantée,
Hurlait d’amour pour l’enfant à peine né.
Ses yeux dorés de louve, vifs, aux aguets.
Et sa poitrine, d’un lait rubis et tiède allaitait
Le nouveau-né, fruit de son mariage princier.
Les ailes immenses de son père, âme damnée,
Ont enveloppé la créature, dans le souci premier,
De vite l’éloigner du jour qui pointe le nez
Et l’emporter à l’abri du soleil et de ses rais.
Dans les bois lointains, un loup a hurlé
A la vie et à la mort proche de son aimée,
Sacrifice ultime de la compagne adorée
Pour un nouveau vampire et toute sa lignée.
(Arwen Gernak) 04-01-05