UN INSTANT D’ETERNITE….

UN INSTANT D’ETERNITE….

Elle reste là, immobile comme le temps, cheveux au vent. Ceux qui souvent se promènent autour de l’étang ne s’étonnent plus : elle est un élément du paysage.
Toujours enfouie dans son long manteau de cachemire noir, il est rare qu’elle sourie.
Son regard, rivé à l’autre bout du plan d’eau, semble construire un pont imaginaire entre les deux rives. Il se perd quelque part qu’elle seule, voit. Elle reste ainsi longtemps, puis dans un geste sans doute sacré, elle lève, une fraction d’éternité, les yeux au ciel et joint les mains. Ce fait anodin contient une telle intensité que même les enfants freinent leur course et se taisent. Instinctifs, ont-ils ressenti la communion de cette femme étrange avec l’invisible ?
Lentement, elle quitte les lieux et s’en retourne au chaos, l’âme sereine et purifiée. Elle reviendra demain, enfin je l’espère !
Que serait cet étang sans elle ? Que seraient nos journées sans ses mains en prière. Ah ! Si j’osais, ne fut-ce qu’une fois, l’aborder et lui sourire. Que de mots insensés aurais-je à lui confier. C’est alors que le temps d’un pas, son regard croise le mien. Elle a les yeux si pleins d’amour que je me suis figé. Une joie transcendante illumine ce visage pour celui qui sait regarder. Enfin, elle sourit m’ouvrant la porte du bonheur.
Elle n’est déjà plus qu’une silhouette dans la foule, emportant mon fardeau comme une plume.
J’ai beau me frotter les yeux, me pincer, rien n’y fait : l’aurais-je tellement désirée cette fusion si brève que mon esprit en pagaille aurait tout inventé ?
Cette femme en manteau de cachemire, je l’attendrai chaque jour et si elle ne vient plus, je regarderai sur l’autre rive, vers l’infini, vers l’éternité. Je sais qu’elle sera là dans toute sa beauté, dans toute sa vérité. Et à mon tour, je referai ce geste d’humilité, ce geste sacré.
(Arwen Gernak) 21-02-05 T.D. Copyright 2004 SOGEN.

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