La permission d’entrer…
« Toi anonyme au mille visage, je n’ai plus envie de jouer.
Je n’ai plus qu’un désir : savoir ce que tu attends de moi ! Pourquoi moi ?
Si je n’ai pas cette flamme pourquoi t’obstiner à souffler sur un brasier éteint ?
Si je suis fade, pourquoi ne pas m’offrir les épices pour assaisonner ?
Si je suis simulacre, explique-moi pourquoi mon cœur était vraiment velours ?
Si je suis niaiserie pourquoi suis-je digne de ton intérêt ?
Je te sens, je flaire ton odeur et la chéris presque, sachant que ton regard se glisse sous les replis de ma vacuité, de ma fadeur et pourquoi pas de ma niaiserie.
Une gueule affamée, bavant de trop d’aversion, museau sorti d’un charnier pour se repaître d’agneaux. Je veux imaginer ton visage comme pure innocence d’une beauté diabolique. Je suis presque rassurée de ton existence suivant la mienne. Ô quelle prétention, me diras-tu ! Oui, j’ai cette prétention de vouloir te prendre comme protecteur malgré ta volonté ! Oui je perçois ton ombre dans le reflet de chaque mot couché, ta perfide désapprobation à chaque tournant d’une phrase vide de sens pour un être qui juge sans jamais laisser transparaître ses possibles qualités.
Tu accuses un monde de se dévider d’une souffrance imaginaire ou de joies superficielles. Qui, en âme et conscience, peut s’arroger la licence de statuer sur les états d’âme d’autrui?
Tu deviens presque ma Muse, toi le délétère d’une plume qui s’épanche.
Mais un instinct auquel je me fie aveuglément, me maintient sur la route qui est mienne. Ni toi ni quiconque ne pourra m’anéantir. Et si être vide pour les uns était richesse pour d’autres ? Modestie, Arwen ! Je n’oserais jamais me targuer d’une étiquette de juge es lettres. J’aime ou je n’aime pas, tel est mon droit, égal au tien je le reconnais…
Quelques fois je suis tentée de te dire : « Vade retro Satanas ! » Puis je soupèse l’éventualité de ton inexistence et rejette cette pensée qui me fait vibrer.
Le Mal est une bête aux aspects sublimes, se rassasiant où sa proie a permis qu’il crée une brèche.
Mais attention Arwen, Icare voulant rejoindre le soleil, est allé droit aux enfers !
Ou alors tu es pure bonté, générosité incarnée, oubli de soi pour porter, d’une main charitable, un égaré vers la lumière…
Je garde pour moi le portrait que je me fais de toi : seule je sais s’il me hante ou m’amuse.
Ce qui est apodictique, c’est qu’il a le pouvoir de puiser dans mon encre…
(Petite parenthèse, je suis amoureuse des escargots, donc épargne-les !)
(Arwen Gernak)
26-02-05